CHEZ LE CROQUEURS DE MOTS
Raconter ' votre grenier'
(reel ou imaginaire)
sous la forme d'écriture qui vous convient
au cours de votre récit
vous redécouvrirez
5 objets personnels ou familiaux
vous appartenant réellement
vous décrirez succinctement ces objets dans leur contexte
(exemple :le chapeau de paille de tante Agathe pendu à une poutre)
Cette fois - ci je ne peux pas reculer. Le gros carton, vieilli, défréchi, écorné, il va bien falloir que je l'ouvre. Depuis combien d'années je le vois, là au fond du grenier. Il est poussiéreux. Entr'ouvert. J'ai l'impression qu'il me dit... approche.
Tout à coup j'ai 10 ans. Mon coeur bat la chamade, comme si je faisais un petit quelque chose de défendu. Prise la main dans le sac.
Pourtant, mes 10ans sont bien loin. Or, ayant reçu l'interdiction de l'ouvrir, j'avais obéi. Quels étaient ses secrets si bien gardés.
Aie, tu es vieux, mais tu as réussi à me blesser. Une petite coupure. J'espère que c'est la seule que tu me réserves. Sinon, je te laisse, encore pour des années.
Sur le dessus un journal, jauni, les lettres se sont un peu effacées mais je peux lire la date, 18 mai 1942. Alors ca ! c'est le jour
de la date de naissance de tante Jeanne, je ne saurai jamais pourquoi il a été conservé. Puis un carton blanc, brillant, pas très haut que je reconnais. Je l'ouvre et là bien plié
dans un papier de soie, ma robe de baptême. Alors celle la je l'ai drolement cherchée. J'aurais voulu que maman me la donne pour ma poupée. Elle n'a jamais voulu, elle m'avait même dit qu'elle
l'avait prêtée à sa soeur Ben dis donc ! Bravo M'man Je déplie la robe. Elle est en satin ornée d'un large ruban de soie blanche. Quelle est belle Je me sens envahie par l'émotion.
Elle est si petite. Une oeuvre d'art, j'en ai conscience aujourd'hui.
Je la replie. Dessous, deux petites boites, l'une avec un objet que j'ai toujours aimé, car il appartenait à ma tante Renée, celle qui avait beaucoup voyagé, avait été à des bals. J'ai toujours
cru que ce carnet lui avait été offert par un prince russe. Pourquoi ?? rêverie de petite fille
c'était comme un éventail. Les feuilles étaient en ivoire, pour moi, mais là je me demande si ce n'est pas de l'os. Un petit crayon était attaché pour inscrire le nom du cavalier. Elle me l'avait prêté parfois, J'allais me mettre dans les rideaux du salon, m'en faisait une robe et je dansais. Pas longtemps, les rideaux étaient en organza je crois, et fragiles d'après ce que j'entendais Que de souvenirs, je pensais avoir tout oublié.
Oh mais qu'est-ce que tu fais là toi ?? Mon Bernard, mon baigneur. Et sa copine Josette. Bernard était en celluloïd, il était joufflu,
les jambes avec des gros plis, Maman avait une copine qui lui avait tricoté un pull bleu et cousu une barboteuse.
Josette elle, avaient les yeux qui bougeaient, mais elle était en plâtre peut être, tellement elle était lourde. La copine de maman lui avait fait une robe avec des smokes, car j'adorais ca. Je l'avais eu pour un Noel De temps en temps il fallait lui changer les ficelles ou caoutchouc qui reliaient ses bras. Mon Dieu !! mais je n'en reviens pas. J'ai vraiment 10 ans.
Mais alors, ce secret si bien gardé ! c'est quoi.
Une enveloppe, je l'ouvre et découvre les photos d'un oncle mort à la guerre de 1914. Ma grand mère n'en parlait pas, nous ne savions pas pourquoi elle avait parfois les yeux si tristes. Elle avait gardé au fond de son coeur sa peine. Et cette enveloppe renfermait tout son chagrin.
J'ai remis le couvercle du carton. J'ai entendu que ma petite fille me cherchait... Comme celà m'arrivait à son âge.